Avec une particularite: on y partage ses livres. et plus si affinites.
Booxup, le Tinder des livres (DR)
« Dans la pure vie, mes amis ne semblent gui?re fans de litterature, explique Mounir, jeune trentenaire habitant a Saint-Ouen. Plusieurs n’ont pas ouvert un livre depuis la fac.» Il existe deux mois, il a donc decide de s’inscrire dans Booxup, une application permettant le partage de bouquins entre particuliers.
Rapidement, il rencontre d’autres lecteurs avec qui il est en mesure de dialoguer ses livres et en discuter, sur J’ai messagerie de l’application ou, plus rarement, a Notre terrasse d’un sirop. Cette semaine, ce thi?me principal de leur debat etait Adam, le personnage principal des «Desorientes», d’Amin Maalouf. «Il nous a semble que les differentes emotions par lesquelles passe ce personnage en exil resonnaient particulierement avec ce que ont la possibilite de vivre actuellement les Syriens», resume Mounir. Comme dans un monde parallele, deconnecte de sa femme et de ses amis, il rejoint sa nouvelle famille litteraire, appelee nos «booxupers».
Comme dans Facebook, le booxuper cree un profil concernant lequel il est en mesure de afficher les livres de son tri et constituer sa propre bibliotheque. L’application utilise aussi un procede de geolocalisation qui permet de reunir les utilisateurs en fonction de l’endroit ou ils se trouvent au moment ou ils se connectent. Et ca roule. Lancee en mars soir, Booxup compte deja 10.000 utilisateurs et quelque 30.000 livres.
Niches sous nos toits du mythique hotel J’ai Louisiane, au coeur de Saint-Germain-des-Pres, ses createurs, David Mennesson et Robin Sappe, ont un objectif: «devenir J’ai plus grande bibliotheque du monde».
Ils n’y sont pas encore, mais y travaillent a plein temps. «Je n’ai jamais vu nos individus a qui je pretais mes livres», raconte Thomas, votre booxuper installe a Antibes.
Un jour, une jeune fille installee dans un foyer a 200 metres de chez lui envoie un message: elle souhaite lui emprunter le livre dans la filmographie de Tim Burton. «C’etait un sacre periple concernant le lui remettre, se souvient-il: nos horaires ne correspondaient jamais. Mais elle avait l’air tellement interessee via votre realisateur que J’me suis donne un brin de mal.» Apres quantite de messages envoyes via l’application, il termine via deposer le livre a l’accueil du foyer, accompagne d’un message personnel. «J’espere qu’elle s’est eclatee», evoque Thomas. Il n’a gui?re cherche a recuperer son livre : «Je n’en ai pas besoin.» Cela n’en a jamais emprunte non plus. Comme si le seul but de le adhesion a Booxup etait, juste un coup, de faire plaisir a quelqu’un.
Quelques n’ont pas attendu 2015 Afin de mettre en place un reseau de lecteurs autour de chez eux. Sylvie, parisienne et devoreuse de romans, avait deja commande l’habitude d’echanger ses livres avec le voisinage. Pourtant, en avril dernier, un accident au marathon de Paris la cloue deux mois au fond de le lit. Un ami lui conseille alors l’application. «Ma premiere experience “booxupienne” fut assez forte d’un opinion litteraire», raconte-t-elle. A le chevet, un aimable booxuper lui apporte «Je vous ecris dans le noir», de Jean-Luc Seigle. Elle a «adore ce livre». Il n’y aura pourtant que deux prets en bien et Afin de bien, pendant la periode de sa convalescence.
Ce qu’elle prefere, quand elle a l’usage des jambes, c’est se rendre dans la librairie parisienne Notre Divan, sa preferee. C’est d’ailleurs la question que pose cette application, comme bien ce qui fonctionne a partir d’une economie de partage: Booxup pourrait-il, en se developpant, nuire a l’economie du livre?
Echangisme litteraire
Charlotte l’assume totalement : pour elle, l’application reste «une excellente alternative a Amazon». Mais c’est aussi a ses yeux une occasion formidable de «redonner vie aux vieux bouquins» ronflant depuis des annees sur le etagere. Finie, l’ere en bibliotheque individuelle qui ne profite qu’a trois lecteurs en un siecle? «C’est chaque fois une experience tres joyeuse», dit-elle. Livre a mon tour, elle a rejoint sur la butte Montmartre un booxuper souhaitant lui emprunter son roman prefere, «Inconnu a votre adresse», de Kathrine Kressmann Taylor. Malgre les apprehensions, l’explication fut «sympathique et courtoise», dit-elle en riant, ne remarquant meme pas l’echo romantique d’une situation avec le titre du roman.
Pourtant, si ses createurs n’insistent gui?re sur l’aspect poetique de Booxup, l’application reunit tout de meme la totalite des ingredients pour une retrouve digne d’un recit a l’eau de rose. La ou la totalite des sites de rencontres de type Tinder imposent le modele americain du date, impersonnel et sans surprise, Booxup preserve une part de mystere typiquement francais ou l’autre, l’inconnu, au bout de ce rue, ignore si votre demarche est galante ou purement litteraire. D’ailleurs, vous-meme n’etes pas oblige de le savoir. Comme dans une bibliotheque municipale, on peut etre venu lire un livre et croiser avec hasard un regard.
Ce detournement d’utilisation n’est pas ce que David Mennesson desire mettre c’est parti. Mais il avoue avoir recu les avances d’une petit cherie qui lui avait emprunte le «On/Off», d’Ollivier Pourriol. Cela a aussi appris qu’une booxupeuse aurait entretenu une conversation pendant quelques jours avec 1 homme, avant de produire que son interlocuteur etait. le pere.